La Clusaz - N°74 - Juin/Juillet 2009

Dr Pistre, médecin de montagne

Le Dr Pistre s’est installé à La Clusaz en 1946. Homme humble et serviable il a œuvré pour la station et recevra bientôt l’insigne de chevalier de la Légion d’honneur.

ara74-7.jpgEn 1946, Michel Pistre, qui avait fait ses études de médecine à Paris avant la Seconde Guerre mondiale, ne souhaitait pas s’installer en ville ou même en banlieue. Le jeune médecin cherche un poste en province, et plutôt en montagne. Une place lui est signalée dans le Jura mais à son arrivée un confrère s’y est installé depuis huit jours. «Je ne regrette rien», confie-t-il aujourd’hui. C’est une cousine en vacances à La Clusaz qui lui indique que la commune cherche un médecin à demeure. «Je suis venu voir. J’ai rencontré le maire de l’époque et différentes personnalités. Et j’ai appris qu’ils s’étaient renseignés sur moi auprès de mes anciens patrons. Je dois bien être le seul médecin à qui c’est arrivé !» Quoi qu’il en soit, Michel Pistre s’installe. Un modeste appartement dans une vieille ferme dans le haut du village est mis à sa disposition. «Il y avait le cheval en dessous et la grange à foin au-dessus ce qui n’est pas l’idéal pour un asthmatique comme moi. Mais la vue était superbe !» Il y reste deux ans et demi, «jusqu’à mon mariage».
Trouver un lopin de terre pour construire un chalet n’est pas chose facile. «Personne ne voulait vendre de terrain à l’époque.» Finalement le curé Prémat accepte de lui céder un bout de terrain appartenant aux écoles libres, là où le docteur réside encore avec son épouse. Michel Pistre se souvient de ce curé à «l’autorité implacable» qui montait en chaire le dimanche matin les jours d’élection pour dire à ses paroissiens comment voter. «Tous les bulletins de vote avaient la couleur qu’il avait demandée !»
Quant aux conditions de travail à ses débuts à La Clusaz, le Dr Pistre les estime «difficiles. Il n’y avait pas de voiture, je faisais les visites à pied ou en ski, ou alors on venait me chercher en traîneau à cheval. J’ai eu quelque temps une moto, mais ce n’était pas possible. Ensuite j’ai acheté une vieille voiture. La médecine n’avait rien à voir avec maintenant. Je pratiquais les accouchements, les curetages et toutes les petites opérations chirurgicales.» Le Dr Pistre est resté seul médecin de La Clusaz de 1946 à 1965. «A cette date, j’ai pris un associé en hiver.» Ensuite d’autres associés se sont installés, puis un autre cabinet médical. Michel Pistre a pris sa retraite en 1984.
Aujourd’hui âgé de 93 ans, des amis ont œuvré pour qu’il soit décoré de la Légion d’honneur. C’est officiel et il a reçu la lettre signée du ministre de la Défense, Hervé Morin, pour le féliciter d’être cité comme récipiendaire de l’insigne de chevalier de la Légion d’honneur. Ce serait Bernard Accoyer, député-maire d’Annecy-le-Vieux et président de l’Assemblée nationale, qui lui remettrait ses insignes. C’est pour son action durant la Seconde Guerre mondiale que Michel Pistre sera honoré. Mobilisé en 1939, il était médecin auxiliaire à la Citadelle de Besançon jusqu’à l’arrivée des Allemands. Il sera par la suite médecin d’une compagnie de génie. En Alsace, «c’était une guerre meurtrière avec beaucoup de blessés et de morts». En dernier lieu, il a effectué six mois d’occupation en Allemagne. Ses actions lui ont valu d’être décoré de la Croix de guerre.
Homme discret, Michel Pistre a encore trouvé le temps d’œuvrer pour la station en s’impliquant à l’office de tourisme, au club des sports... Son témoignage est essentiel pour comprendre cinquante ans de la vie de La Clusaz, lui qui a connu trois générations de Cluses, a mis au monde une ribambelle d’enfants, a vu se développer la station, «cela a été l’explosion de constructions à partir du téléphérique de Beauregard en 1956-57». Un médecin toujours vaillant ayant arpenté les montagnes pour son travail mais aussi pour le plaisir. «La marche est un bon facteur de longévité», assure-t-il dans un large sourire. Lui qui a pratiqué la randonnée à pied et à ski, a traversé les Pyrénées, a gravi le mont Blanc, a fait des randonnées à ski en Suisse, en Autriche, dans le nord de l’Italie…

Le Dr Pistre, en compagnie de trois confrères, a raconté ses souvenirs de médecin de montagne après 1946 dans la revue n° 20 des Amis du val de Thônes «Médecines de montagne au pays de Thônes»1996.
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De M. Pierre Baugey, habitant du Grand-Bornand, moniteur de ski, ancien conseiller technique et sportif de la Jeunesse et des Sports et ancien conseiller municipal.

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