L’après diagnostic de Natura 2000
Le comité de pilotage de Natura 2000 a validé le diagnostic. D’ici à 2010 le document d’objectifs sera finalisé avec l’élaboration des mesures de conservation et la démarche entrera dans sa phase opérationnelle par la mise en place de contrats Natura 2000.
Installé en avril 2007, le
comité de pilotage de Natura 2000 regroupe des
représetants de l’ensemble des communes
concernées, soit plus de 40 personnes (de Magland
à Marlens pour les deux périmètres
distincts, cf. JdP n° 66), trois groupes de
travail ont également été mis en place,
permettant une concertation et concernant tous les
socioprofessionnels travaillant dans ces zones à
protéger : sports et tourisme, environnement et
chasse, agriculture et forêt. Le syndicat Fier-Aravis
est devenu maître d’ouvrage du document
d’objectifs (DOCOB) alors que, dans un premier temps, le
diagnostic était confié à
l’association Asters – Conservatoire des espaces
naturels de Haute-Savoie, aidée par la
Société d’économie alpestre et le
Conservatoire botanique national alpin.
Ce diagnostic, document scientifique, a été
présenté le 9 mars au comité de pilotage.
«Le diagnostic porte aussi bien sur le patrimoine naturel
que sur les activités humaines, souligne
Jérôme Luccioni, chargé de mission
d’Asters. Les différents organismes ont
présenté un diagnostic économique, un
inventaire des habitats naturels et des espèces de la faune
et flore présentes sur le site. Le diagnostic
socio-économique montre, par exemple, que ce territoire est
très marqué par l’activité
agropastorale ; il y a 5 400 ha d’alpages sur les 8 900
ha que représente le site Natura 2000 des Aravis. 17% de ce
territoire sont de la forêt dont la particularité est
qu’elle est en partie privée, donc avec une
difficulté de gestion. La partie nord est une réserve
de chasse avec une gestion cynégétique. Ces
différents diagnostics permettent de partager les constats
et de les croiser. De cela doivent découler les grands
enjeux. Parce qu’il faudra arriver à concilier
l’activité agropastorale et la préservation des
habitats de la faune et de la flore. Certaines pelouses de
crête sont très fragiles et menacées. La forte
fréquentation touristique en hiver et en été
est aussi posée dans le diagnostic. Il y a une
responsabilité de préservation comme celle des
rapaces montagnards et ce crave à bec rouge dont 6 couples
sont dans les Aravis (sur 18 en Haute-Savoie) et qui est
très menacé à l’échelon
européen.»
Concilier vie humaine et conservation des milieux
Pour le chargé de mission, les grands enjeux portent sur la conciliation de l’activité pastorale et le maintien des habitats naturels, la sensibilisation des pratiquants de la montagne en hiver et en été par rapport aux espèces fragiles, la préservation des espèces remarquables «flore» et «faune» du site et le maintien du patrimoine bâti. «Natura 2000 est une vision globale. Ce qui est important, c’est d’avoir réussi à mettre autour d’une table des naturalistes, des élus, des éleveurs, des chasseurs, des randonneurs… et d’arriver à ce que tous se parlent et échangent. Natura 2000 permet de valoriser les convergences d’intérêt et sert de lieu pour la résolution des conflits.» Jean-Paul Amoudry, président du comité de pilotage, ne dit pas autre chose. Le sénateur voit surtout dans cette phase 2 du DOCOB, l’élaboration des grands enjeux, un travail plus technique. «Il y a confrontation des pratiques. Nous devons préparer des mesures de conservation, mettre en place des dispositifs pour pérenniser et améliorer les milieux et les espèces fragiles. C’est un travail de compromis avec tous les acteurs ; une recherche d’équilibre et de compensation avec causes communes de certains. Le but est que la vie humaine se perpétue dans un milieu davantage préservé.» Le président du comité de pilotage planifie une nouvelle réunion plénière au mois de mai, «pour mettre au point un calendrier de travail et se donner de grands objectifs. Il nous faudra encore une année pour finaliser le document d’objectifs. Il ne faut pas se précipiter non plus, nous travaillons sur le très long terme». Début 2010 les mesures pourraient être arrêtées avec, dans la foulée, la mise en place des contrats Natura 2000. «Ces mesures seront intégrées dans la gestion du territoire et seront durables.» Pour Jérôme Luccioni, «Natura 2000 est un réseau de sites au niveau européen, riches et à préserver en terme de conservation d’habitats et d’espèces. La France a choisi la concertation. Cette logique de concertation fait que Natura 2000 ne sera que ce que élus et acteurs locaux voudront bien en faire.»
Photos A. Rouillon / Jérémie Hanh /
Asters