Les abeilles en voie de disparition
Les abeilles font actuellement beaucoup parler d’elles, surtout depuis qu’elles commencent à disparaître. Nombre de bouleversements de la nature leur sont fatals. Qu’en est-il dans le canton de Thônes ? Etat des lieux avec Paul Gerfaux, président du groupement de défense sanitaire apicole de Haute-Savoie.
Si la Haute-Savoie compte 16 000 ruches déclarées auprès des services vétérinaires, on en recense 750 dans le canton de Thônes pour une soixantaine d’apiculteurs, dont 5 ont plus de 40 ruches. Pour vivre de l’apiculture, il faut au moins 400 ruches dans son cheptel. Il existe un groupement de défense sanitaire apicole dans chaque département ; groupement placé sous le contrôle de la Direction régionale des services vétérinaires et donc habilité à diffuser des produits sanitaires en cas de maladie, sous la surveillance d’un vétérinaire.
La production moyenne d’une ruche se situe aux alentours de 15 kg. «Cette production a tendance à diminuer», souligne Paul Gerfaux, président du groupement de défense sanitaire apicole de Haute-Savoie et membre du Syndicat d’apiculture 74. Le nombre d’abeilles est également à la baisse. Le syndicat haut-savoyard vient d’effectuer un sondage auprès de ses adhérents. Il en ressort une mortalité évaluée à 25%, ce qui est bien au-dessus de la normale (environ 10%). «Plusieurs facteurs expliquent cette mortalité anormale. Tout d’abord ce qu’on appelle la nosémose, diarrhée des abeilles, est due à une mauvaise nourriture. Ensuite, la loque européenne est une maladie du couvain, maladie très contagieuse, qui peut être due à une mauvaise pratique, un coup de froid. Et puis ce printemps nous rencontrons ce que l’on appelle des ruches orphelines où les abeilles ont totalement déserté les ruches sans que l’on en connaisse réellement les raisons. On s’aperçoit aussi que la longévité des reines est de plus en plus courte, passant de trois à cinq ans à deux ans et demi aujourd’hui.»
Paul Gerfaux insiste sur le fait que les abeilles rapportent à la ruche tout ce qu’elles prélèvent dans la nature, par l’intermédiaire de l’eau, de l’air et du pollen, et donc beaucoup de polluants comme les pesticides. C’est ce qui fragiliserait le plus les reines et les ferait mourir. Pour les pesticides, tout le monde est concerné, aussi bien les jardiniers du dimanche traitant leurs rosiers que les viticulteurs, les arboriculteurs et bien sûr les cultures intensives. «Mais il n’y a pas que les pesticides qui font du mal aux ruchers. Il y a aussi la disparition de la biodiversité. Les agriculteurs fauchent quatre fois par an avant que les fleurs ne viennent à maturité. Les pâturages permanents font que les bêtes broutent toute l’année. Nous sommes touchés de plein fouet par le manque de fleurs et de pâturages. C’est tellement vrai que maintenant les abeilles trouvent plus de nourriture en ville qu’à la campagne, grâce à la plantation d’espèces comme les acacias, les tilleuls, etc. Une expérience intéressante est à souligner, c’est le concours de prairies fleuries dans le parc des Bauges. On voit aussi certains agriculteurs revenir à deux fauches par an.»
Ce manque de biodiversité accentue la baisse de production de miel. «Le nectar et le pollen sont la nourriture des larves et c’est la base d’une bonne santé. Une mauvaise nourriture engendre un affaiblissement des reines et les fait mourir prématurément. Idem pour les abeilles d’hiver qui doivent être bien nourries pour passer la saison hivernale. En plus, à partir du 15 juillet, nous souffrons régulièrement de sécheresse. De ce fait, les reines pondent moins et en automne on se retrouve avec moins d’abeilles.»
L’acarien dévastateur
Un autre ennemi de l’abeille, arrivé d’Asie il y a une vingtaine d’années, est l’acarien Vorroa. Ce parasite se nourrit du sang des abeilles et se reproduit sur le couvain. En piquant l’insecte, il lui injecte nombre de virus. «C’est le problème numéro 1 des apiculteurs car il diminue la longévité des reines. Il existe un traitement autorisé et une surveillance doit être assurée pour que l’acarien ne prenne pas le dessus dans une ruche.» Le frelon Vespa Velutina, venu lui aussi d’Asie, s’attaque également aux abeilles et les dévore. Ce frelon est déjà dans le Sud-Ouest et progresse sur le territoire.
Autre problème non élucidé : la stérilité des mâles (les faux bourdons). «Nous sommes obligés d’en venir à l’insémination artificielle !» Cette année à Thônes (Montremont) est mise en place une station de fécondation. Il s’agit d’un élevage de faux bourdons où les apiculteurs pourront amener leurs reines pour la fécondation.
Paul Gerfaux de poursuivre : «La diminution des abeilles est désormais mondiale. A tel point que les apiculteurs ont parfois du mal à racheter des essaims. Au syndicat, nous avons mis au point une formation sur l’élevage des reines pour que les apiculteurs sachent les renouveler. En Haute-Savoie, nous avons aussi cinq ruchers écoles et, ce qui est agréable, c’est de voir des jeunes se lancer dans l’apiculture.»
Enfin, le président du groupement sanitaire regrette que la filière apicole soit si mal organisée. Aucun représentant au ministère, deux syndicats qui «se tirent dans les pattes», nombre d’associations qui fleurissent un peu partout sans aucune concertation. Paul Gerfaux espère beaucoup du rapport du député-maire de Bonneville, Martial Saddier. Ce rapport parlementaire sera rendu au mois de juin. Il doit faire le point sur la filière et surtout inciter tous les protagonistes à se mettre autour d’une table pour s’organiser.
Les abeilles sont en quelque sorte des sentinelles de la santé de la nature. Leur surmortalité hivernale est encore peu étudiée, faute de moyens, et chacun y va de son hypothèse. Ce qui est certain, c’est que pesticides, OGM, bouleversements climatiques et de la biodiversité leur sont fatals. «Trop d’abeilles meurent par notre faute. Nous avons saccagé l’environnement.»
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je fais un exposées sur les espèce en voie de disparition et c'est ça que je cherchai
merci
j ai des abeilles qui veulent s installer sur mon balcon dans le pied d une table de jardin comment les faire changer de lieu sans leur nuire une d elle a le dessous du ventre jaune merci pour votre aide
Petite participation à votre article sous forme de dessins, plasticienne j'ai réalisé une série sur la mortalité des abeilles par la pollution des substances chimiques et les pesticides utilisés dans l’agriculture. Cette série est présentée au Muséum de Genève à l’exposition « Tout contre la Terre » en d'octobre 2021 à novembre 2022. A découvrir : https://1011-art.blogspot.com/p/vous-etes-ici.html
Mais aussi en lien direct "Hommage à Magritte" : https://1011-art.blogspot.com/p/hommage-magritte.html