Livres - N°142 - Octobre/Novembre 2020

Livres

Un an après l’accident d’escalade qui l’a grièvement blessé et qui a coûté la vie à sa compagne de cordée, Lowell Kennedy, un ancien acteur de Hollywood, retourne avec un ami sur les lieux de la tragédie au cœur du massif de San Gabriel en Californie, pour tenter de surmonter son désespoir. La découverte de deux corps au pied de la paroi va tout bouleverser. Suspecté par les autorités locales, Lowell se retrouve impliqué dans l’enquête…

L’auteur, Joshua Bryant, qui fut lui-même acteur à Hollywood, nous livre avec L’escalade d’après un thriller aux allures de western. Une intrigue menée à bride abattue et une écriture cinématographique qui fait la part belle aux montagnes sauvages entre Los Angeles et le désert de Mojave.

L’escalade d’après de Joshua Bryant, éditions du Mont-Blanc, 18 €

 

«Le bout du rouleau est un endroit prodigieux. C’est le seul endroit au monde, avec celui des rêves, où la réalité se mélange à l’imaginaire. Un endroit de rêve, en somme. » Comment Stephen Venables peut-il descendre de l’Everest avec un alpiniste disparu qui glisse sur son violoncelle ? Pourquoi Carlos Carsolio, adepte de la « réalité étendue », se met-il à courir tout nu dans la neige par moins 20 °C ? Elisabeth Revol rêve-t-elle quand elle échange sa chaussure contre une tasse de thé, une nuit d’hiver au Nanga Parbat ? Thomas Vennin relie le fil des plus étonnantes histoires d’hallucinations vécues en montagne. Convoquant la science et les témoins, il dresse la première géographie complète de ce paysage mental méconnu dans cette petite anthologie des délires d’altitude.

Les hallucinés – un voyage dans les délires d’altitude de Thomas Vennin, édition Guérin, 18 €

 

Au début du XXe siècle, un jeune grimpeur autrichien solitaire révolutionne complètement l’escalade et l’alpinisme. Aujourd’hui encore, son histoire passionne et inspire les grimpeurs du monde entier.

De Vienne à Munich, les cosmopolites cités d’avant-guerre, aux plus impressionnantes parois des Alpes, de l’enfant malade à l’athlète accompli, premier grimpeur professionnel de l’histoire, David Smart nous fait découvrir l’incroyable vie romanesque de Paul Preuss.

À la fois exemple et objet de controverse, son œuvre immense et intemporelle est ici éclairée d’un jour nouveau, nous montrant l’évolution de ce personnage complexe et paradoxal et, au-delà de la figure héroïque et charismatique, les racines de ses motivations.

À l’heure où l’escalade devient discipline olympique et plus universelle que jamais, ce livre passionnera autant les amateurs de récits historiques que de performances sportives. Plus d’un siècle après sa disparition, la passion inflexible et le message atypique de Paul Preuss restent toujours actuels.

Paul Preuss, le seigneur des abîmes de David Smart, éditions du Mont-Blanc, 19,90 €

 

De l’autre côté des pas et des cols, et surtout au-delà des nuages, s’exécute une partition qu’il est impossible de ne pas écouter. Entre les crescendo et les descrescendo des levers et couchers de soleil, ce sont toutes les nuances de la musique qui sont célébrées par la montagne, tantôt allegro ma non troppo, tantôt dolcissimo… Une musique qu’on ne se lasse pas d’entendre quand on s’appelle Géraldine Le Duc, Sébastien Liot, Alain Herraut, Denis Testemale et Laurent Picard, les cinq membres du quintette de photographes de DiVertiCimes. Pour l’occasion, c’est Jean-Michel Asselin, soliste au long cours de la musique des sommets, qui compose les textes de cet ouvrage photographique.

Alpicimes de Jean-Michel Asselin, éditions Glénat, 30 €

 

L’hiver en train, l’été en car, Bernard Chambaz a parcouru l’Oural du sud au nord. Situé entre les capitales de l’ouest et l’immensité transibérienne, frontière entre l’Europe et l’Asie, ce territoire reste méconnu. Ce voyage doit à son amour de la Russie et de son peuple, mais aussi à la puissance des livres. Parmi eux, il y a le recueil largement oublié et assez décapant d’Aragon (Hourra l’Oural), l’ombre de Pasternark et du docteur Jivago, l’ombre plus noire de Chalamov et du goulag. L’Oural, c’est aussi la terre natale de Boris Eltsine, dont on suivra les traces. On vérifiera que les statues de Lénine n’ont pas toutes été déboulonnées, loin de là, et que si on a pu évoquer la fin de l’homme rouge, l’homo sovieticus tend à devenir pour les jeunes générations un objet, sinon un sujet de folklore.

Dans ce récit de voyage peu ordinaire, vous croiserez des météores, suivrez une enquête sur la disparition étrange de géologues il y a cinquante ans, vous échapperez à un accident d’avion, vous verrez des camions rouler sur la Kama gelée, visiterez le camp de Perm-36 et les monastères de Kerkhotourié, sillonnerez Ekaterinbourg sur les traces de Romanov, découvrirez Tcheliabinsk et son formidable musée des tracteurs à défaut de la centrale nucléaire de Majak, le site archéologique exceptionnel d’Arkaïm qui date de l’âge de bronze, avant d’admirer sous un ciel gris et déjà froid la modernité de la capitale chachkire. Tout cela sans oublier les trois figures centrales : Aragon, Pasternak et Chalamov.

Hourra l’Oural encore de Bernard Chambaz, éditions Paulsen, 19,50 €

 

Recul inquiétant des glaciers, éboulements rocheux plus fréquents, enneigement plus faible, pollution atmosphérique des vallées, etc. : les Alpes sont particulièrement affectées par le bouleversement climatique de ces dernières décennies, qui y et plus fort et surtout plus visible. Voire tangible. Résultat : les montagnes sont devenues un observatoire à ciel ouvert pour les questions environnementales. Un laboratoire également où, loin du catastrophisme ambiant, de plus en plus d’initiatives sont éprouvées en matière de transport, d’habitat, d’agriculture, de tourisme aussi.

Ce numéro de la revue L’Alpe revisite le concept de développement durable, développe les stratégies des communautés alpines d’hier, souligne les conséquences de la crise sanitaire du Covid-19 pour rebattre les cartes économiques des stations de montagne, il est aussi question des parcs nationaux et régionaux, ces espaces protégés et le bilan de cette politique de protection.

L’Alpe n° 90 Montagne durable ?, collectif, Glénat édition, 18 €

 

Photographe et grimpeur amoureux des blocs de Fontainebleau, Stéphan Denys est l’œil de la forêt de Fontainebleau. Arpentant les massifs de rochers depuis bientôt 40 ans, il a développé un lien particulier avec ces géants de grès aux formes uniques, tantôt ronds et bosselés, tantôt aigus et ciselés, toujours fascinants.

Ses photos sont au cœur de ce beau livre et s’accompagnent d’un texte qui replace l’histoire du bloc dans son contexte, éclaire le lecteur sur les particularités de chaque bloc et donne parfois quelques conseils pour “gravir” le bloc. Stéphan Denys a pris le parti de présenter non pas les blocs les plus difficiles, mais les plus esthétiques ou remarquables dans une gamme de difficultés assez large.

Les 100 beaux blocs choisis sont répertoriés par secteurs : la forêt domaniale, les Trois Pignons, Larchant et Nemours, puis Buthiers et l’Essonne. À travers cette sélection, l’auteur nous livre sa vision de l’activité et nous invite à mieux considérer les blocs sous tous leurs angles.

Bleau blocs de Stéphan Denys, éditions du Mont-Blanc, 32 €

 

Trouver refuge met en lumière le parcours bouleversant de personnes pleines d’espoir et de souffrances, d’exilés, de déracinés qui se retrouvent dans le Briançonnais par hasard, après s’être mis en danger pour arriver en France. Voici l’histoire incroyable et pourtant banale d’un territoire et de plusieurs poignées de personnes qui comprennent qu’accueillir l’autre, c’est ici et maintenant, même si cela vient perturber le cours du quotidien. Des personnes qui refusent la peur, l’indifférence, la violence et choisissent d’ouvrir leurs cœurs et leurs portes, inconditionnellement à ceux qui arrivent. Qui savent qu’en montagne, on n’abandonne personne, même pas son pire ennemi. Qui décident de ne pas faire de différence entre le touriste qui vient ici par envie et l’exilé qui arrive sans l’avoir choisi pour trouver asile et protection. C’est le cas de Stéphanie Besson, cofondatrice de l’association Tous Migrants, qui livre ici le récit de ces rencontres entre exilés et montagnards, au travers de nombreux témoignages.

Ce livre est le fruit de l’indignation, mais aussi celui de l’espoir. Dans les montagnes du Briançonnais, à la croisée de deux mondes, on a fait le choix de vivre ensemble, au-delà de toutes les frontières – géographiques, culturelles, politiques, psychologiques, familiales, amicales.

Trouver refuge de Stéphanie Besson, éditions Glénat, 19,95 €

 
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