Livres / DVD
Ambroise Croizat ou l’invention sociale, de Michel Etiévent, éditions Gap, 25 €
C’est une édition revue et augmentée d’une importante iconographie d’un premier tirage paru en 1999 que propose l’écrivain et historien savoyard Michel Etiévent. Son ouvrage est un immense hommage à l’un des créateurs de la Sécurité sociale. Ambroise Croizat est né en Savoie, fils d’ouvrier de Notre-Dame-de-Briançon, en 1901. C’est tout un pan totalement méconnu de l’invention sociale née du Front populaire de 1936 et poursuivi au sortir de la guerre par le Conseil national de la Résistance. Au fil des archives de textes et de photographies, l’auteur retrace l’histoire singulière de cet homme ayant fait ses armes dans le sillage de son père, celui qui fut à l’origine de la première grande grève alpine en 1906. Ambroise Croizat passe ses années de formation à Lyon et mène des luttes ouvrières au sein de la fédération CGT des métaux. Luttes qu’il poursuit sur les bancs de l’Assemblée nationale avant de tomber et de connaître les prisons de Vichy lors du procès des députés communistes. Il est alors déporté en Allemagne et c’est dès la fin de la Seconde Guerre mondiale qu’il est nommé au ministère du Travail. Entre 1945 et 1947 les grandes avancées sociales vont être mises en place et Ambroise Croizat y a laissé une bonne part de sa sueur. En quelques mois sont créés Sécurité sociale, retraites, comités d’entreprise, fonction publique, statut des mineurs, médecine du travail, conventions collectives, etc. La seconde partie de ce livre est consacrée à la correspondance de prison d’Ambroise Croizat, enfermé d’abord dans les geôles de Vichy puis au bagne d’Algérie, de 1939 à 1943. C’est ainsi un témoignage unique de la vie quotidienne des heures sombres de la France, de l’enlisement de Vichy dans la collaboration et des réflexions d’un élu enfermé.
Walter Bonatti : de l’homme au mythe, de Roberto Serafin, éditions Glénat, 19,99 €
Elevé au rang de meilleur alpiniste du monde puis à celui de légende, Walter Bonatti (1930-2011) fait enfin l’objet d’une biographie écrite par un tiers.
Malgré une carrière brève stoppée à seulement 35 ans, Walter Bonatti a changé le cours de l’alpinisme moderne, ses ascensions des années 1950 et 1960 comptant parmi les plus difficiles et les plus inspiratrices. Mythe, il le devient ensuite progressivement, quand il tourne le dos aux faces retorses pour partir en quête de cette «aventure» qui lui est si chère. Certes, l’Italien s’est déjà raconté dans des autobiographies devenues des classiques, mais en gardant toujours secret un large pan d’une personnalité riche et complexe. Ces faces cachées de Bonatti (le voyage, l’écologie, l’éthique, l’héroïsme, etc.) Roberto Serafin les aborde dans un ouvrage rythmé et respectueux qui retrace une vie dont la montagne ne fut qu’une composante.