Aravis - N°77 - Décembre/Janvier 2009

Livres / DVD

Il y a tout juste cent cinquante ans, le traité de Turin officialisait la réunion du duché de Savoie et du comté de Nice à la France, alors dirigée par Napoléon III. Cet événement historique, encore controversé aujourd’hui, a-t-il toujours un sens dans une Europe dorénavant sans frontières ?
Réunion ? Rattachement ? Annexion ? Un siècle et demi après la signature du traité, le débat sémantique fait toujours rage dans les deux départements savoyards. D’autant que ledit traité fut entériné par l’une des premières consultations publiques tantôt qualifiée de référendum, tantôt de... plébiscite.
Pour éclairer cette question, la revue L’Alpe revient sur la longue saga (près d’un millénaire) de la Maison de Savoie et du royaume de Piémont-Sardaigne, la géographie complexe de ces territoires, les mouvements des frontières et la place, illustrée par Bernard Favre dans son film La Trace, de l’homme dans ces bouleversements.
L’Europe est au cœur de la réflexion avec un point sur les positions helvétiques et italiennes, ainsi que sur l’impact de l’événement dans l’économie, la révolution industrielle alors en marche, le thermalisme ou encore le tourisme international tout juste naissant. Le portfolio de ce numéro propose une réédition des meilleures gravures de l’ouvrage Nice et Savoie, sites pittoresques, de Joseph Dessaix, paru en 1864, complétées par des photographies de François Deladerrière.
Enfin et surtout, L’Alpe s’interroge sur la résonance contemporaine de cette longue histoire : au fond qu’est-ce qu’être Savoyard aujourd’hui ?

L’Alpe n° 47, «1860-2010 la question savoyarde», collectif, éditions Glénat, 15 €



Ce beau livre, qui est aussi un guide précis, vous invite à chausser les raquettes entre lac Léman et Mont-Blanc, mais aussi au cœur des Aravis, sur les plateaux des Bornes, en Faucigny ou aux confins du val d’Arly.

Raquette à neige en Haute-Savoie, de Jean-Marc Lamory, éditions Glénat, 30 €



«Le Saint-Exupéry de la montagne», tel est le qualificatif qu’emploie l’alpiniste sociologue Jean-Olivier Majastre pour relater ce que représente Gaston Rébuffat. Un homme debout, heureux, le troisième «étranger» à pouvoir intégrer la Cie des guides de Chamonix en 1946, Rébuffat est bien plus que le premier à avoir gravi la face sud de l’aiguille du Midi et y avoir laissé son nom avec pour second de cordée son ami pour le moins facétieux Maurice Baquet. Même si la Rébuf’ est devenue une course quasi mythique aujourd’hui.
Ce documentaire plein de vie et de joie est un hymne à l’alpiniste et à l’homme né à Marseille en 1921,  ayant fait ses gammes dans les calanques proches de Cassis, popularisé par son pull-over en jacquard et surtout ses photographies au sommet de rochers vertigineux.
Parce que son désir le plus cher était de faire aimer la montagne, dans un esprit d’osmose avec son milieu et non pas en conquérant, Gaston Rébuffat était aussi photographe, écrivain et cinéaste. Son ouvrage Le Mont-Blanc, les 100 plus belles courses a été feuilleté et annoté par des milliers d’alpinistes en herbe. Bien plus qu’un livre, c’était et c’est encore une «bible».
Le témoignage de son épouse Françoise montre un Gaston juste avec lui et les autres jusqu’au bout, jusqu’à sa décision de quitter la Cie des guides actifs pour faire face au cancer. De nombreux guides témoignent également dans ce documentaire de l’apport de Rébuffat au milieu de la montagne. C’est un film gai où l’on retrouve Maurice Baquet, ses blagues et ses mimiques, même pendu en bout de corde. Parce que pour Gaston Rébuffat, dont le sens de l’esthétique en tous domaines était quasi naturel, être en montagne c’était pour y être bien et non pas en souffrir. Le plus grand hommage qu’on ait pu lui faire, après sa mort, selon son épouse et Christophe Profit, a été d’emmener une de ses photographies dans l’espace par la Nasa pour représenter la France aux possibles habitants d’une autre planète. Peut-être est-ce ainsi une rencontre avec le petit Prince qu’a pu faire Gaston Rébuffat.

Le Monde de Gaston Rébuffat, un film de Gilles Chappaz et Denis Steinberg, production Seven Doc, 23 €
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