Manigod - N°99 - Août/Septembre 2013

Poterie les Anges de Manigod - La terre comme passion pure

 

C’est après avoir lu un article sur la terre vernissée savoyarde que Valérie Perrot a eu un coup de cœur et la passion grandissante pour la poterie. Désormais, elle crée dans son atelier, un ancien hôtel de Manigod, restauré, au centre du village.

Arrivée il y a vingt ans en Haute-Savoie après une mutation bienvenue à Annecy de son conjoint, Valérie Perrot est mère de quatre enfants et estime qu’elle a vécu une intégration réussie dans ce milieu montagnard manigodin. «J’ai senti un regard bienveillant et discret de mes voisins.» Des voisins prompts à l’aider en cas de besoin. «Ensuite, j’ai essayé de faire comme eux.» Parce qu’il y a une certaine entraide indispensable en montagne.

De toute évidence Valérie Perrot a quitté Paris sans regrets. Elle y avait effectué des études en arts plastiques, à la Sorbonne. «J’avais pris option modelage à la fac mais aussi cinéma expérimental. J’ai donc baigné dans l’art conceptuel. La terre et la poterie m’ont fait l’effet d’un choc inverse pour revenir à un matériau pur et ancestral.» La jeune femme a également été institutrice afin de pouvoir concilier sa vie de famille et un travail alimentaire. «L’enseignement est aussi une de mes passions. Grâce à l’atelier, désormais, je peux concilier les deux : donner des cours et transmettre ma passion tout en créant.»

Utilitaire et décoratif

«Dans l’article que j’ai lu à l’époque, dans La Revue de la céramique et du verre, ce qui m’a plu c’est le geste direct à la terre. Cela a été un véritable coup de foudre et j’ai eu envie d’apprendre ces gestes des anciens puis la poterie savoyarde qui est une terre décorée avec de l’engobe, des terres liquides. Tout est donc naturel.» Si, au début ,Valérie Perrot produit des objets décorés en couleurs naturelles, [elle s’est] «vite sentie limitée et j’ai eu envie de prendre des couleurs un peu plus modernes tout en conservant les décors typiquement savoyards. C’est une façon de se réapproprier un art tout en le retraduisant autrement.»

Au final, la potière manigodine reste dans des tons assez pastels pour des motifs toujours traditionnels. «Le motif savoyard est le point, puis le point dans le point ou le point autour d’autres points. Cela donne une infinité de possibilités tout en rajoutant d’autres éléments.» L’artiste garde par exemple le motif de l’edelweiss ou celui de l’oiseau, animal qui peut prendre finalement une autre forme comme celle d’un renard. «Je m’amuse énormément à décliner tous les éléments de la poterie savoyarde.» S’il fallait définir un style, Valérie Perrot voit dans son inspiration «un style naïf et folklorique». Et fonctionne beaucoup sur commandes. «Je constitue petit à petit des services à des gens. Il y a ainsi le service myosotis ou le mille fleurs.» 

Si la vaisselle est le principal sujet de la poterie, Valérie y voit une autre déclinaison, celle de la décoration. «Je suis une passionnée du flocon de neige, c’est mon dada. Mais la terre peut aussi permettre de créer des boutons, des bijoux, et même du luminaire.» Pour ce dernier, l’inspiration vient des papiers découpés. «Je m’inspire de tout l’art local comme les poyas mais aussi de plus loin, par exemple la broderie nordique, l’art inuit ou russe.» Il n’est ainsi pas étrange de retrouver des poupées russes en terre dans l’atelier manigodin.

Au final il y a toujours l’esprit montagne, vie au chalet, dans l’art de Valérie Perrot mais avec une touche contemporaine. «J’apporte mon petit coin d’exotisme.» En parallèle la potière a monté son atelier, dans son logement, et l’a ouvert en 2009. Une annexe doit encore voir le jour d’ici à un ou deux ans, intégrant le four et le tour, et permettant ainsi de le séparer de l’appartement pour plus de confort pour les cours.

Vers l’art thérapie

Ces dernières années Valérie Perrot a beaucoup donné de cours en particulier au sein de l’association La Fourmilière de Manigod dans laquelle plusieurs artistes ou artisans proposaient leur propre enseignement.

L’association arrêtant ses activités, la potière va se recentrer dans son atelier. «Je vais commencer petit pour donner des cours chez moi.» Une activité qu’elle chérit particulièrement. «Donner des cours est toujours convivial et riche en relations humaines. La poterie reste locale et les gens aiment l’authenticité. Ils aiment fabriquer leur propre service ou des cadeaux de Noël, parce que l’on peut tout faire en poterie.»

Le prochain projet de Valérie Perrot est de se former à l’art thérapie par le modelage de la terre. «Il m’est arrivé que des femmes m’embrassent à la fin d’un cours et me remercient. Elles avaient pu, durant le cours, évacuer quelque chose qui les faisait souffrir. Et je sais, pour la pratiquer, que la terre fait du bien.»


 

Un atelier à visiter

L’atelier Les Anges de Manigod, poterie d’art de Valérie Perrot, est situé au-dessus de la boulangerie du village, en montant l’escalier en bois.

Cet atelier est ouvert à la visite, pour de la vente directe et de la prise de commandes. Dès le mois de septembre Valérie proposera des cours en petit nombre (4 ou 5 personnes) pour tous les âges : aussi bien enfants qu’adultes ou en famille, sous forme de stage ou en initiation. Le prix sera de l’ordre de 5 € l’heure (le prix n’est pas définitif) avec une participation à la cuisson au four.

Contact : tél. 06 71 72 08 76

Site Internet : angesdemanigod.canalblog.com

 

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Courrier des lecteurs
Nous avons reçu un courrier de Monsieur Michel Bansard résidant au Mans (72) et propriétaire d’une résidence secondaire à Saint-Jean-de-Sixt, qui fait suite à la lettre de Jean-Claude Rolland paru dans notre dernière édition.

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