La brucellose transmise par les moutons ?
«Lorsque j’ai appris que l’on avait abattu 250 bouquetins dans le massif du Bargy, j’ai ressenti à la fois un sentiment de révolte et, après réflexion, je me suis demandé si la brucellose n’est pas plutôt transmise par le mouton et non pas par le bouquetin ; car je pense qu’il y a beaucoup trop de moutons dans nos montagnes et que les maladies sont transmises par ceux-ci. Le chamois risque bien de subir le même sort. Qu’en pensez-vous ?»
Réponse de la rédaction – Selon Asters, le conservatoire d’espaces naturels de Haute-Savoie, et le rapport public de l’Agence nationale de la sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES), il est avéré qu’aujourd’hui le troupeau de bouquetins du massif du Bargy est un réservoir de la maladie, la brucellose. L’ensemble des animaux domestiques, que ce soit les bovins, les ovins et mêmes les caprins du département ont subi des expertises et aucune souche de brucellose n’y a été détectée. La vache malade dont le cas a été trouvé en avril 2012 dans un troupeau du Grand-Bornand, puis trois autres du même troupeau, sont donc les seules à ce jour depuis l’infection identifiée en 1999 en Haute-Savoie, au Reposoir. Des analyses et le suivi épidémiologique s’effectuent aussi sur les animaux abattus par les chasseurs lors des campagnes normales de chasse. Pour l’heure un seul chamois analysé était porteur de la maladie. Tous ces faits montrent que la maladie ne provient pas des moutons qui seraient trop nombreux et que les chamois sont en quasi-totalité sains de cette maladie. Mais pour l’ANSES «la contamination des bouquetins auprès de ruminants domestiques infectés date au moins de cette période», c’est-à-dire de 1999.
Pour Asters se posera la question en fin d’hiver du manque de nourriture possible pour le couple de gypaètes barbus nichant depuis 1996 dans le Bargy. Parce que le bouquetin est l’une de leur principale ressource de nourriture et qu’à cette époque de l’année il faut aux parents nourrir leur unique petit qui grossit de plus de 4 kg avant de pouvoir prendre son envol.
En dehors des faits scientifiques, les réactions ont porté sur la brutalité du choix du préfet, d’abord de sa volonté d’éradiquer la totalité du troupeau de bouquetins (animal protégé) du Bargy, puis d’abattre les animaux de plus de 5 ans. Cette dernière solution retenue s’est effectuée sur deux jours, début octobre, alors que le massif était encerclé, les routes fermées avec interdiction formelle de faire des photos. Cette solution a été jugée plus politique, avec pressions de certains lobbys, que scientifique puisque l’ANSES préconisait d’autres solutions moins expéditives sans compromettre pour autant la santé des animaux domestiques.