Les remontées mécaniques probablement à l’arrêt jusqu’en fin de saison
Malgré la mobilisation de l’ensemble des professionnels de la montagne pour convaincre les autorités gouvernementales de sauver a minima les vacances de février, le couperet est tombé le 20 janvier dernier, avec l’annonce du « maintien de la fermeture des remontées mécaniques au 1er février » et d’« une réouverture mi ou fin février […] hautement improbable », selon les propos du secrétaire d’État au Tourisme, Jean-Baptiste Lemoyne. Cette décision a provoqué la consternation dans les 112 stations de Savoie Mont-Blanc, où œuvrent quelque 200 000 socio-professionnels qui devront, une nouvelle fois, faire preuve de résilience et de créativité – comme ce fut le cas durant les vacances de fin d’année – pour tenter de sauver ce qui peut l’être. Sauf si un troisième confinement vient encore brouiller les cartes…
Plus de 4 milliards d’euros de pertes estimées
Avec un recul du chiffre d’affaires estimé à 2 milliards fin janvier, compte tenu d’un début de saison plus que contrarié, la non-ouverture des remontées mécaniques pendant la très haute saison (février pesant 35 % du volume total des nuitées de la saison) creusera un déficit historique en montagne. La perte de recettes touristiques dépassera les 4 milliards d’euros à échéance de la fin des vacances de février et pourrait ainsi être portée jusqu’à 5,8 milliards d’euros en cas de restrictions postérieures. Un impact immense pour l’économie de la montagne et pour tous ceux qui y habitent et la font vivre au quotidien.
Remontées fermées mais stations mobilisées
Si l’effet « Noël à la neige » a permis de limiter la casse dans certaines stations lors des congés de fin d’année (avec toutefois des situations très disparates et, comme lors de chaque crise, des vainqueurs et des perdants), pour les vacances d’hiver, la donne pourrait changer. Fin janvier, les taux moyens d’occupation n’atteignaient que 50 % sur les 4 semaines (en baisse de 35 % par rapport à l’an dernier) et les dernières déclarations gouvernementales laissaient augurer une nouvelle vague d’annulations. « Pour ceux qui maintiennent leur séjour, les stations vont tenter, comme à Noël et au Nouvel An, de rivaliser d’imagination pour leur faire découvrir un autre visage de l’expérience Montagne et ainsi les accueillir dans les meilleures conditions», explique Michaël Ruysschaert, directeur général de l’Agence Savoie Mont-Blanc.
Outdoor un jour, outdoor toujours ?
Si le ski alpin et le snowboard sont prisés habituellement par 77 % des vacanciers séjournant en Savoie Mont-Blanc, la marche (35 %*) et les raquettes (30 %*), complètent le podium en année « normale ». Ces pratiques se sont considérablement développées en ce début de saison. Idem pour le ski de rando (14 %*), suivis par le ski de fond et la marche nordique, cités respectivement à hauteur de 12 %* et 11 %*. « Le succès émergent de ces activités constaté depuis quelques saisons, se voit confirmé de manière très significative avec la fermeture actuelle des domaines alpins », analyse Christelle Ferrière, Directrice marketing, adjointe à la direction générale de l’Agence Savoie Mont Blanc qui y voit « une belle occasion d’enrichir les expériences proposées à un client désormais réceptif à ce type d’offres vers lesquelles il ne serait pas venu spontanément ». Assurément une nouvelle manière de (re)découvrir les sommets enneigés.
* Source : Savoie Mont Blanc Tourisme G2A Consulting et CoManaging
Repères
La destination Savoie Mont Blanc, c’est :
112 stations de Savoie et Haute-Savoie ;
1,4 million de lits touristiques ;
41,1 millions de nuitées (hiver 2018-2019), dont 35 % réalisées sur les 4 semaines des vacances de février, soit 14,45 millions de nuitées ;
33,8 millions de journées-skieurs alpins.
Noël : fréquentation quasi divisée par 3
Durant les vacances de fin d’année, la fréquentation globale de la destination Savoie Mont-Blanc devrait être quasiment divisée par 3 pour atteindre difficilement un peu plus de 2 millions de nuitées contre 6 millions, en moyenne, pour des vacances « normales ». La venue – en nombre – des résidents secondaires a, certes, permis à certaines stations d’atténuer cette baisse même si, à l’arrivée, les hébergements marchands enregistrent un recul du nombre de nuitées de l’ordre de 71% par rapport à l’hiver dernier. Avec, à la clé, en cumulé à fin janvier, des pertes de l’ordre de 1,7 à 2 milliards d’euros.