Livres
L’Alpe n° 70 : écoliers des montagnes, collectif, 18 €
Apprend-on autrement dans les vallées que dans les plaines ? A l’heure où le débat sur le rôle de l’école dans l’apprentissage de la citoyenneté revient en force, il est intéressant de s’interroger sur les spécificités de l’enseignement d’hier et d’aujourd’hui à travers les territoires de l’arc alpin.
Une plume pour la lecture, deux pour la lecture et le calcul, trois pour la lecture, le calcul et le latin : ainsi se distinguaient par leur chapeau à plumes les maîtres d’école itinérants du Briançonnais, qui vendaient leur savoir sur les marchés. La célèbre histoire de ces colporteurs du savoir, rapportée par Victor Hugo dans Les Misérables, contrecarre l’image de peuples montagnards isolés et arriérés que l’on a longtemps entretenue.
En réalité, entre le xvie et le début du xixe siècle, le taux d’alphabétisation est bien plus élevé dans les vallées alpines (notamment dans les Hautes-Alpes, le Piémont et la vallée d’Aoste) que dans les basses terres. Comment expliquer ce rapport privilégié à l’écrit et à l’instruction ? Les facteurs sont d’ordre varié : géographique, historique, religieux, politique, sociologique et économique. Les Alpes ont également été le berceau de nombreuses figures des sciences de l’éducation : Rousseau, bien sûr, le père de l’Emile, mais aussi Jean Bosco, Célestin Freinet, Georg Kerschensteiner, Heinrich Pestalozzi ou encore Jean Piaget. Et aujourd’hui, 182 ans après la loi Guizot qui institue des écoles dans toutes les communes, 133 ans après les lois de Jules Ferry, qu’en est-il de l’enseignement primaire et secondaire ? Quels atouts l’environnement montagnard offre-t-il aux élèves des Alpes ? Comment l’alpe imagine-t-elle ses écoliers ? Et comment, inversement, ses écoliers l’imaginent-elle ?
Les Alpes d’Helbronner, mesures et démesure, Daniel Léon, éd. Glénat, 49 €
Au début du siècle dernier, la cartographie des Alpes françaises est encore lacunaire. Un homme, Paul Helbronner, polytechnicien, géodésien, dessinateur, photographe et alpiniste, va révolutionner la représentation et la mesure de nos massifs. Avec notamment le soutien très actif de l’éminent topographe Henri Vallot, il va entreprendre le projet titanesque de définir, mesurer et cartographier les sommets des Alpes. Méthodiquement, sur la base de la triangulation, il va créer un réseau entre les massifs du lac Léman à la mer Méditerranée (et même jusqu’en Corse), afin d’en établir une cartographie très précise. De 1903 à 1928, il gravit la montagne, transportant matériel géodésique et appareils photographiques lourds et encombrants sur un terrain souvent scabreux. Ses mesures se font vite démesure, assorties de quinze mille clichés qui forment des tours d’horizon photographiques à 360° pris de tous les sommets de nos Alpes. A partir de ses plus belles images, Helbronner dessine également de superbes panoramas sur aquarelles, dont le plus grand est développé sur six mètres. Si l’application de ses travaux géodésiques se heurtera au progrès des méthodes de relevés, ses photographies constituent une ressource documentaire sans égale sur les montagnes des Alpes. Dans la juste lignée de la démesure de l’œuvre de Paul Helbronner, ce coffret est composé d’un livre de 160 pages, biographie illustrée inédite, accompagné d’une sélection de panoramas grand format – photographies et aquarelles – et de tirés à part. L’iconographie inédite et foisonnante provient du fonds Helbronner conservé au musée Dauphinois et de collections privées.
N°163
Avril/Mai 2024
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